Entretien avec Sylvie Hampikian

15 septembre 2009 par  
Classé dans Cosmétique

Voici un entretien que j’ai eu la chance de réaliser avec Sylvie Hampikian, auteur de plusieurs livres traitant sur la cosmétique, les soins et la santé.  Docteur vétérinaire et experte en pharmaco-toxicologie, c’est surtout une passionnée de nature.

 Sylvie vous avez déjà sorti deux livres magnifiques, qu’est ce qui vous a motivé au départ pour les écrire ?

Tout d’abord merci pour ce compliment qui me touche beaucoup. Mon premier livre “Créez vos cosmétiques bio” est né d’une longue histoire. Depuis l’adolescence, je m’intéressais aux cosmétiques naturels : masques à l’argile, masques capillaires à l’huile d’olive, shampooing à l’œuf… Mais cela ne m’empêchait pas d’employer au quotidien des produits cosmétiques du commerce “plus glamours”. J’appréciais tout particulièrement les marques Clarins, Avène, Nuxe, et j’achetais shampooings et gels douches en grandes surfaces.

Puis vint 1998 et l’obligation d’indiquer la composition des produits. Et là, je me suis rendue compte qu’il y avait tromperie sur la marchandise : les ingrédients mis en avant dans la pub ou sur l’emballage ne figuraient qu’à l’état de traces dans la composition, et le reste était constitué d’une soupe chimique très éloignée de l’image luxueuse revêtue par les produits de beauté. L’envie m’a donc pris d’employer directement les ingrédients naturels si riches, mais je ne savais pas comment m’y prendre. Le hasard a voulu que je travaille, à partir de 2002, sur les actifs naturels, ce qui m’a permis une approche scientifique des ingrédients cosmétiques. Sur cette base, je me suis constituée un recueil personnel, sorte de pense-bête aussi exhaustif que possible, incluant huiles végétales, huiles essentielles,hydrolats, argiles, fruits… S’y sont ajoutées des recettes glanées ici et là, et adaptées à ma sauce personnelle. J’ai peaufiné ce recueil pour le transmettre à mes filles, adolescentes à l’époque (elles ont aujourd’hui 18 et 20 ans). Et c’est là que je me suis rendue compte que ça ressemblait… à un livre ! La chance a guidé mes pas vers la maison d’édition Terre Vivante, qui a été séduite par le sujet, et m’a aidé à finaliser l’ouvrage.

Le second livre, “Soins naturels pour amateurs de plein air” est né d’une constatation faite par mon éditrice : entre soigner sa peau et soigner les “petits bobos” cutanés, il n’y a qu’un pas. J’ai été séduite par ce sujet, car j’ai une formation de clinicienne (vétérinaire). Au départ, nous avons souhaité faire un ouvrage s’adressant aux jardiniers, principal lectorat de Terre Vivante, mais nous l’avons élargi aux activités de plein air, car au final, les pathologies sont les mêmes : échardes, engelures, coups de soleil, coups de froids, piqûres de bébêtes…

Quels sont les bénéfices à produire, selon vous ses propres soins cosmétiques  ?

D’une part, on peut ainsi bénéficier de produits aussi frais, aussi “bruts” que possible (non transformés), donc ayant des propriétés cosmétiques ou thérapeutiques intactes. Cela s’en ressent en termes d’efficacité : pour certaines types de produits comme les masques ou les gommages, l’efficacité des préparations maison est bien supérieure à celles des produits du commerce.  D’autre part, quand on finit par bien connaître les ingrédients disponibles sur le marché, on peut fabriquer ses produits “sur mesure”, en sélectionnant les ingrédients qui nous conviennent le mieux, mais également en tenant compte de ses besoins et de ses goûts personnels. Une souplesse qu’on ne peut pas trouver avec les produits manufacturés. Il y a l’aspect créatif aussi, et de plus en plus de femmes pratiquent cette activité avec passion car cela participe à leur épanouissement personnel. Enfin, il ne faut pas oublier l’intérêt pour le porte-monnaie Car même si un petit investissement est nécessaire au départ, on rentre vite dans ses frais, et on finit par dépenser beaucoup moins d’argent qu’en se rendant régulièrement dans les pharmacies ou les magasins de cosmétiques, où la note, au final, dépasse souvent les 100 euros.

Quel est selon vous l’efficacité des plantes sur les maux du quotidien et quels bénéfices cela peut il apporter à notre santé sur le long terme ?

C’est une question très intéressante et il faudrait des pages pour y répondre de manière approfondie ! Pour rester brève, je dirais que la pharmacie moderne a produit d’excellents médicaments qui ont sauvé bien des vies (y compris les antibiotiques si décriés). Certains demeurent parfaits pour les pathologies aigues (qui ne durent pas) : un comprimé de paracétamol contre le mal de tête, il n’y a pas mieux, ou un ibuprofène pour soulager les règles douloureuses. En revanche, ces médicaments “modernes”, constitués pour la plupart d’une molécule unique, créent des déséquilibres physiologiques qui sont responsables de leurs effets indésirables. Pour cette raison, dans les pathologies chroniques, le remède devient parfois pire que le mal. Par exemple, les anti-inflammatoires employés pour soulager l’arthrose, peuvent entraîner des troubles digestifs sévères et avoir à la longue des effets très toxiques, sur les reins notamment ; le paracétamol est toxique pour le foie ; les corticoïdes favorisent la prise de poids et l’ostéoporose, etc…

Les plantes ont l’avantage de constituer un “totum”, c’est-à-dire un système vivant complet, où les principes actifs sont constitués de mélanges de molécules. Même si souvent l’une d’entre elles joue un rôle prédominant, les autres molécules actives contribuent à augmenter son efficacité et à s’opposer à ses effets secondaires. En ce qui concerne les petits maux du quotidien, les plantes traditionnelles telles que camomille, menthe, sauge, thym, sont connues pour leur efficacité et leur bonne tolérance. La plupart peuvent être employées sans risque sur le court ou le long terme (attention néanmoins avec la sauge, dont les femmes ne devraient pas faire usage de manière prolongée). Plus concentrées, les huiles essentielles sont d’une efficacité remarquable quand on sait les utiliser. En particulier, nombre d’entre elles combattent les microbes, avec deux avantages par rapport aux antibiotiques : leur spectre est plus large (elles neutralisent une plus grande variété de microbes incluant bactéries, virus et champignons) et elles n’induisent pas de résistance.

En conclusion, je dirais que même si on dispose de médicaments efficaces et bien tolérés sur le court terme, la Nature offre de nombreuses solutions efficaces pour soigner les petits maux du quotidien, y compris là où on se trouve : à la cuisine, au jardin, en promenade. Il serait dommage de s’en priver, d’autant que ces remèdes sont souvent gratuits ou presque. Pour les maladies chroniques, c’est un autre problème : la prise de médicaments entraîne souvent la spirale infernale effets indésirables / analyses médicales modifiées / prescription de nouveaux médicaments, etc… Dans ce cas, des mesures d’hygiène (meilleure alimentation, suppléments alimentaires si nécessaire, exercice physique), alliés à des pratiques naturopathes (massages, acupuncture…) et à des remèdes à base de plantes sont souvent plus efficaces et bénéfiques à la santé que la médecine conventionnelle. La plus grande difficulté est de trouver un praticien fiable pour assurer la prescription et le suivi du traitement.

On sent un engouement pour les soins bio… qu’en pensez vous ?

Je pense que ce mouvement est du au “réveil” des consommateurs face aux abus de la cosmétique chimique et de la médecine/pharmacie conventionnelle. Dans le domaine des médicaments, les scandales ne manquent pas : Vioxx, Acomplia, Diantalvic, auxquels j’ajouterais les statines (contre le cholestérol), médicaments plus toxiques qu’utiles à mon sens. Chez les personnes âgées, la “surpresciption” est évidente ! En termes de cosmétiques, nombre d’ingrédients toxiques sont montrés du doigt, suspectés de favoriser certaines maladies et non des moindres (cancer, Alzheimer…). Il est vrai que l’on assiste à un réel accroissement des maladies dégénératives et que médicaments et cosmétiques y jouent vraisemblablement leur rôle. Ceci explique l’intérêt du public pour les médecines douces d’une part, et pour les cosmétiques bio d’autre part. On ne peut que s’en réjouir, car c’est la récompense des pionniers en la matière, et car la santé publique ne peut qu’en bénéficier. La seule chose qui reste à craindre, c’est que cette tendance profite aux charlatans (ils ne sont pas rares à s’être engouffrés dans le créneau) et aux opportunistes qui “surfent sur la vague”. En termes de cosmétiques, il est évident que l’élargissement du marché laissera se développer des cosmétiques bio “border line”, c’est-à-dire respectant a minima le cahier des charges. Cela dit, ils seront toujours meilleurs que les cosmétiques “purement” chimiques. Pour conclure, le développement des soins naturels et de la bio, c’est bien. Mais cela rend nécessaire une plus grande vigilance pour distinguer les vrais bons produits des moins bons.

Quelle est la meilleure façon de choisir les bons ingrédients pour ses soins ?

Je pense qu’on ne peut pas se contenter des conseils des commerçants, qui ne connaissent pas toujours les usages cosmétiques des ingrédients et qui ne vendent que… ce qu’ils ont à vendre. Il faut soit acheter un bon livre (!), soit compulser les blogs et les sites internet qui offrent des pages très bien faites. Par exemple, sur amabilia.com, en cherchant bien, on trouve des pages intéressantes sur les huiles végétales et les huiles essentielles. Sur femininbio.com aussi bien entendu.  Pour les livres aidant à découvrir les ingrédients, en dehors du mien (LOL), je conseillerais : “Biocosmétiques, la puissance de la Nature au cœur de la Beauté” d’Estelle Guerven (ed. Trédaniel), “Votre beauté au naturel, de Chantal Clergeaud (ed. Dangles), et pour les anglophones “Making aromatherapy creams and lotions”, de Donna Maria (Storey Publishing).

Quels sont les meilleurs ingrédients de base pour commencer ?

Deux huiles végétales bio : une pas trop chère qui servira de base, pour les massages par exemple (olive, tournesol, pépins de raisin, macadamia, sésame…), une autre plus riche, plus fine, pour les soins du visage (bourrache, rosier muscat, argan, jojoba, abricot…). Deux ou trois huiles essentielles polyvalentes et d’emploi facile : lavande fine, géranium, bois de rose, petit grain bigaradier, ravensare, ylang-ylang… Du gel d’aloès en tube. De l’argile blanche en poudre. De la glycérine (végétale et bio de préférence). De l’eau de rose ou un autre hydrolat (fleur d’oranger, camomille). Et de la cire d’abeille si on veut faire des baumes ou des émulsions. Avec ça, on peut déjà préparer pas mal de soins, en complétant avec ce qu’on trouve en cuisine : yaourt, fruits, miel…


Vos 4 ingrédients préférés et les 4 que vous détestez ?

Mes ingrédients préférés : l’huile essentielle d’ylang ylang (je suis sensible à son côté… sensuel), l’incontournable huile essentielle de lavande fine, l’indispensable eau de rose, et l’huile de rosier muscat dont j’adore le contact et l’effet sur ma peau.
Les ingrédients que je déteste : en dehors des ingrédients chimiques, il n’y en a pas ! Par contre, je reste méfiante vis-à-vis de la pierre d’alun car je trouve que les fabricants ne donnent pas assez de garantie sur l’absence de passage de l’aluminium qu’elle contient. Et je n’ai pas été séduite par le gel de silice en tant qu’ingrédient cosmétique. Sinon, bizarrement, même si l’arôme de certains ingrédients me déplait (l’huile de germe de blé, l’huile essentielle de tea tree, la levure de bière…), leur présence dans les préparations cosmétiques ne me gêne pas, car ils sont efficaces !

On parle souvent de restriction dans l’utilisation des huiles essentielles et des huiles végétales pour les femmes enceintes et les enfants.  Mais quel est le réel danger comparé aux produits dit plus « synthétiques » ?

Le problème avec les huiles essentielles, c’est qu’elles contiennent des molécules de petite taille, très lipophiles (solubles dans l’huile), qui sont facilement absorbées par la peau (ou par les muqueuse digestives et respiratoire) et qui passent dans le sang. De là, elles peuvent atteindre le bébé par la voie du placenta. Or il est avéré que certaines sont toxiques (neurotoxiques, abortives), notamment les huiles essentielles à cétones. Pour la plupart des autres, on en est beaucoup moins sûr, mais leur absence de toxicité pour le fétus n’a pas non plus été démontrée. Dans le doute, il vaut donc mieux s’abstenir : c’est le “principe de précaution”. Cela n’empêche pas que de nombreux ingrédients chimiques, pour lesquels on prend bien moins de précautions, passent dans l’organisme du bébé et qu’on n’en connaît pas les conséquences exactes. Ainsi, on commence à se poser beaucoup de questions face à l’augmentation des cas de stérilité chez les jeunes couples. Sont-ils la conséquence d’une intoxication sournoise par des substances chimiques dans les premiers mois ou les premières années de la vie ?

Si on n’a peu de temps pour faire ses cosmétiques bio, comment choisir les soins adaptés et en toute sécurité ?

A titre personnel, je suis une adepte des cosmétiques “vite faits bien faits”, avec peu d’ingrédients. Ainsi, toutes les peaux peuvent bénéficier, sans risque, de l’application d’une huile riche (en masque ou au quotidien, en complément d’un gel ou d’une crème fluide hydratante), d’un masque à l’argile blanche éventuellement additionné d’un peu d’huile si la peau est vraiment sèche, d’un masque au concombre, d’un gommage au yaourt et à la poudre d’amande… Pour les cheveux, un masque à l’avocat ne fera de mal à personne ! Et dans le bain, une poignée de son ou de flocons d’avoine dans un mi-bas ou un pied de collant filé donnera, en malaxant le sachet, une eau laiteuse digne de Cléopâtre et qui laissera la peau toute douce, du nourrisson à son arrière grand-mère.

Quels sont les petits soins que vous conseillez avant de partir en vacance ?

Pour les peaux mates, inutiles de prendre  des précautions particulières. C’est surtout pendant les vacances qu’il faudra penser à bien hydrater et nourrir la peau desséchée par le soleil. Le gel d’aloès est souverain à cet égard. Pour les peaux claires, sujettes aux coups de soleil, on peut la préparer en prenant, en interne, des compléments alimentaires à base d’antioxydants (cocktail ACE-sélénium, gélules à base de lycopène, de carotène…), sans toutefois se ruiner. En externe, on peut appliquer une huile enrichie en antioxydants : macérat de carotte, macérat de poudre d’urucum, huile enrichie en extrait d’argousier ou de carotte (extraits au CO2 supercritique). Ces préparations coloreront joliment la peau et l’aideront à mieux résister aux effets des radicaux libres. On pourra prolonger leur usage pendant les vacances, après l’exposition solaire, mais pas avant car ce ne sont pas des filtres solaires. L’huile de carotte serait même légèrement photosensibilisante : donc après le soleil oui, avant non ! Cela me ramène au principal conseil que je donnerais avant les vacances : au soleil, évitez les produits parfumés, même s’ils sont naturels. Ils contiennent souvent des substances aromatiques photosensibilisantes (notamment des coumarines), qui peuvent provoquer en présence des rayons solaires des taches colorées persistantes ou même des brulures !

Quand sortira votre prochain livre ?

Deux livres vont sortir à peu près en même temps, à la rentrée 2009, chez deux éditeurs. Je les aime beaucoup bien qu’ils soient très différents : le premier parle de créer ses boissons de santé (chez Terre Vivante), le second propose un voyage dans le temps et dans l’espace  auprès des belles du temps jadis… (chez Eyrolles).

Cliquez sur les images ci dessous pour découvrir comment vous procurer ces livres :

Encore un grand merci à Sylvie pour m’avoir accordé un peu de son temps !

Une très belle rencontre !

22 septembre 2008 par  
Classé dans Cosmétique

Là je dois vous dire que j’ai fait « la » rencontre que j’espérais !!  Une femme que j’admire et qui franchement est de la pointure dans le domaine de la cosmétique naturelle.  Bien sur je parle de Sylvie Hampikian !  Je me suis rendu dimanche dernier à la Foire Bio de Mens, organisé par Terre Vivante (qui attend un site tout neuf).  Bien sur elle m’avait averti de sa présence via le forum Femininbio.com.   J’ai eu beaucoup d’embuche avant d’y arriver, perdu dans la ville, arrivé au mauvais endroit mais pour enfin me rendre ou j’espérais.

Vraiment cette femme à une expérience hors du commun et surtout beaucoup de savoir à partager.  Elle nous a parlé de plusieurs huiles essentielles et de ses pratiques.  La présentation se faisait surtout sur les soins des petits bobos du jardinier.  Cela entre autre, pour présenter son nouveau livre. Oui oui j’ai bien dit « NOUVEAU LIVRE » !!  Un livre axés sur les soins du corps mais cette fois des randonneurs.  Pas besoin de vous dire qu’il sera le premier que je vais acheter dans les mois à venir, surtout que j’habite dans les Alpes !! Bravo Sylvie !!  J’ai été plus que touché par la simplicité de cette dame et sa grande douceur.  Surtout par sa grande générosité.

Voici quelques petites astuces qu’elle nous a si gentiment donnée lors de sa visite :

– La ciste, un anti-saignement très efficace.  L’appliquer sur la plaie et hop tout fini les vilains bobo.
– Le genévrier, un anti-courbature. Mettre en dissolution 2% he dans de l’huile végétale.  Oui bien en faire une macération.
– La camomille, un traitement fabuleux pour l’exéma !
– L’immortel le meilleur anti-bosse qui soit, si pris à temps bien sur.
– Les répulsif, citronnelle, géranium et cède !

Bref j’ai bien hâte à ce livre que j’attends avec impatience ! Sortie prévue le 16 octobre 2008 !
En attendant son nouveau livre, « Soins naturels pour amateurs de plein air »,  voici son livre déjà en vente, pour celle qui ne le connaisse pas, c’est un must pour les débutantes !